un joli petit jardin...
Comme je ne suis décidément pas comme tout le monde, je ne voulais pas de jardin. Avec Monsieur Kannard, nous rêvions d'un appart au dernier étage avec une grande terrasse et une vue imprenable. Une terrasse de 60m2 qui domine la foret fait plus grande qu'un jardin de 200m2 et en plus y'a pas de pelouse à tondre. Le soucis c'est que ce genre de produit est rare, même très rare dans ma banlieue. Et ce qui est rare est cher... C'est ainsi qu'un appart de 100m2 avec terrasse vaut plus cher qu'une maison de 160m2 avec jardin. Je dois dire aussi que la possibilité d'un atelier a pesé très lourd dans mon notre choix.
Donc bon ok pour la grande maison, mais petit le jardin. Je m'occupe donc d'un petit jardin de 200m2 environ et cela remplit bien mes WE. Grrrr.
Un jardin c'est du temps, beaucoup de temps. Et de l'argent aussi: tondeuse, bêche, fourche, terreau, tuyau d'arrosage, etc.
Depuis un mois, le jardin a encore rétréci tant les arbustes poussent de tous côtés. L'autre jour, je taillais le forsythia défleuri (ceux qui me connaissent bien savent que la coupe devait être sévère) et un bourdon commençait à m'agacer. Je le chassais négligemment d'un geste de la main. Je coupe encore trois branches perchée sur mon escabeau 5 marches (oui cela faisait bien longtemps que ce forsythia n'avait pas été taillé), quand j'aperçois mon bourdon sur une feuille morte en face de moi. Soudain je réalise que ce bourdon est un frelon d'au moins 5cm de long et que la prétendue feuille morte n'est autre que son nid, d'ailleurs il vient d'y rentrer.
Ceux qui me connaissent bien m'ont forcément déjà vue devenir hystérique à la simple vue d'une guêpe, alors ils ne vont peut être pas croire ce qui suit. Je suis donc descendue calmement de mon escabeau 5 marches et ai continué de jardiner un peu, mais pas trop près du nid. (Oui, vous pouvez m'acclamez pour tant de sang froid et de maitrise de soi)
La semaine suivante, nous avons acheté une bombe trop de la mort qui tue, que même les pompiers ils l'utilisent. On s'est documentés aussi. J'aime pas tuer idiot. J'apprends à connaitre mon ennemi d'abord, pour mieux l'exterminer! Attention cependant, à trop en savoir on risque s'attendrir, voire même de trouver une utilité à ces sales bêtes.
Et là le cas de conscience: à cette époque de l'année les nids de frelons sont des nurseries. La reine frelon fécondée à l'automne a dormi tout l'hiver. Aux premières douceurs, elle entreprend la construction d'un nid en papier mâché sans l'aide de personne. Chacune des alvéoles de ce nid reçoit un oeuf qui deviendra larve puis nymphe puis frelon. Qui suis-je pour aller tuer une mère célibataire débordée?
J'apprends aussi que les frelons se nourrissent de mouches et autres insectes agaçants. Les frelons n'attaquent jamais l'homme et surtout ne viennent jamais tourner autour des gens qui déjeunent sur leur terrasse. Leur venin n'est pas plus dangeureux que celui d'une simple guêpe... Arf, je suis à deux doigts de renoncer à mon massacre. Mais attendez, ne lisons pas trop en diagonale: les frelons n'attaquent jamais l'homme SAUF s'il s'approche à moins de 5 mètres du nid.
Ah mais ça change tout: moins de 5 mètres du nid, cela veut dire la quasi totalité de mon jardin! Et là mon sang de propriétaire lésée ne fait qu'un tour. Je ne vais pas laissé l'usufruit de mon jardinet à un essaim de bestioles venimeuses. Et puis c'est Monsieur Kannard qui fera le sale boulot.
Ni une, ni deux, au soleil couchant, le voilà au milieu du gazon, la bombe à la main affublé de son masque de protection. La bombe pulvérise un jet pouvant aller jusqu'à 6 mètres de distance (eux aussi, ils se sont documentés ;) ) Après 20 secondes de pulvérisation, la bombe est vide. M. Kannard, rentre à la maison avec un sentiment de devoir accompli. J'accueille mon héros avec une gerbe de fleur (c'est mon blog, j'ai droit de dire ce que je veux, vous pouvez pas vérifier)
Avant de décrocher le nid, nous décidons de traquer tout changement dans les jours qui suivent afin que notre régicide soit confirmé. Une semaine après, j'observe que le nid n'a pas évolué (yes!) que le forsythia n'a pas apprécié l'insecticide à haute dose (yes!) et le gazon non plus (faich', quoique ça fait toujours un m2 de moins à tondre). Je prends mon courage à deux mains et la cisaille aussi et m'en vais couper la branche sur laquelle le nid est attaché.
j'observe mon trophée, mon âme naturaliste prend le dessus et je retourne le nid pour observer l'intérieur par l'ouverture. Je vois des alvéoles vides, puis une alvéole habitée par une larve... qui BOUGE. et juste à côté une alvéole fermée par un opercule de soie dont l'occupant me semble bien VIF. ARRRGGGGHHHH, Je détale dans la maison, calfeutre les fenêtres et demande une nouvelle intervention de M. Kannard, aka le nettoyeur.
Comme la bombe est belle et bien vide, M. Kannard entreprend d'isoler le nid dans un tupperware. Oui, j'ai oublié de précisé que Ma maman, biologiste de formation, tenait a récupérer le nid intact et que donc, un scrabouillage au 44 fillette n'était pas une option. Nous avons ensuite transporté le nid chez mes parents à la façon des convois spéciaux de virus P4. Ouf, ça-y-est on est débarrassés.
Un jardin c'est vraiment pas de tout repos, même si tondre la pelouse est moins contraignant que ce que je pouvais le supposer. Surtout avec une tondeuse mécanique, sans moteur ni électrique ni thermique. Un jeu d'enfant. D'ailleurs les enfants de nos amis se battent pour jouer avec. Mais non c'est pas dangeureux, et puis un enfant amputé d'un doigt comprendra tout de suite mieux comment ça fonctionne, c'est ça le pouvoir de l'expérimentation...